Le coton, une fibre controversée
Le coton est la matière première la plus utilisée dans le secteur du textile et de l’habillement. 40% des vêtements crées le sont à base de coton alors même que les fibres synthétiques sont de plus en plus présentes.
Voyons ensembles les raisons de cette popularité et les conséquences sur le consommateur.
Les types de fibres textiles
Il existe de nombreuses fibres textiles et si vous vous nous suivez sur les réseaux, vous pouvez de temps en temps voir les nouveautés dans ce domaine. On classe les fibres en deux parties : naturelles et synthétiques.
- Les fibres naturelles viennent de matières végétales ou animales et ont été les premières utilisées. Bien que les premiers tissus aient été faits à partir de laine, les peuples de la préhistoire ont appris très vite à macérer des fibres végétales pour en tirer les fibres, utilisées pour faire du tissu.
- Les fibres synthétiques apparaissent bien plus tard au 19ème siècle et ne sont étudiées et vendues que pendant la Seconde guerre mondiale. Les soldats à l’époque avaient des besoins spéciaux pour leurs uniformes ce qui a accéléré le développement de ces fibres. On les trouve maintenant un peu partout car elles sont possèdent des propriétés améliorées par rapports aux textiles plus traditionnels.
Sur cette infographie vous pouvez retrouver le gros des fibres que nous utilisons actuellement :
Maintenant les technologies ont bien évolué et on peut faire du tissu avec presque n’importe quel matériaux : le lait, le maïs, mais aussi le verre, l’aluminium, le caoutchouc…
Où est produit le coton ?
Le coton est produit partout mais surtout dans les pays chaud comme en Inde, les Etats Unis, le Pakistan et en Chine. Cette dernière exportait en 2013 plus de 17 milliards de $ de coton (11 milliards pour les deuxième et troisième sur le marché).
Les raisons sont assez simples, il faut beaucoup de soleil et d’eau pour faire pousser le coton. Historiquement, ces régions sont productrices de cette matière. On peut repenser aux Etats Unis avec leurs champs de coton avant la guerre de sécession.
Pour la Chine, le besoin de produire le coton vient de l’incroyable demande à contenter. Avec un marché aussi important que le marché chinois, il est intéressant pour la Chine de produire cette matière première.
Concernant les importations, on retrouve la Chine (18 milliards de $ tout de même) en première place suivit du Bangladesh, et de la Turquie. Ces pays sont de gros producteurs de vêtements, ce qui explique la demande.
Quels sont les problèmes liés au coton ?
Nous venons de le voir, le coton est présent sur tous les continents et il est très demandé. C’est de là que les deux problèmes principaux viennent :
L’utilisation de pesticide :
Le problème de l’agriculture est que la production d’une seule espèce de plante en continue (ou monoculture) abîme énormément les sols et favorise l’apparition de maladies et de bactéries. Après avoir parlé avec un ingénieur en agriculture, nous avons découvert que les monocultures nécessitent plus d’engrais et de pesticides que des modes de cultures alternées justement pour combattre les maladies et les mauvaises herbes.
Pourtant, il est très rentable de faire du coton car cette matière première est très demandée partout dans le monde, les acteurs se sont spécialisés en ce sens et utilisent des produits chimiques en grande quantité.
Le coton couvre 2 à 3 % des surfaces cultivables mais consomme 24% des pesticides mondiaux !
Pour la production de coton seule, les cotonniers sont aspergés jusqu’à 20 fois de pesticides. Ces produits chimiques sont utilisés pour préparer les sols en amont et ce jusqu’avant la récolte pour faire tomber les feuilles avant le ramassage.
Bien sûr cette surdose de pesticides dépend de l’endroit où il est planté ainsi que de la taille de l’exploitation. L’utilisation de machines pour semer ou ramasser le coton influence aussi la pollution générée par la culture du coton.
Il ne faut pas oublier que la recherche de réduction des produits chimiques est relativement récente et qu’il est souvent difficile de trouver des compromis viables d’un point de vue économique.
L’or bleu pour le coton blanc
L’autre point négatif de la production de coton est sa consommation en eau. L’association the Water Footprint Network qui évalue l’impact environnemental des cultures (entre autres) informe qu’en 2006, 10 000 litres d’eau sont utilisés par Kilogramme de coton produit. En d’autres termes, un t-shirt de 250 grammes nécessite 2 500L d’eau.
Bien sûr cela dépend d’où il est produit car les conditions climatiques jouent un rôle non négligeable. Ainsi, la Chine utilise en moyenne 6 000 L/kg tandis que l’inde en utilise 22 500 L/kg. Aujourd’hui la moyenne a baissé (6000 L/kg environ) mais reste très importante.
Cette consommation mêlée aux pesticides favorise la pollution des cours d’eau, des nappes phréatiques et devient un vrai enjeu écologique dans un monde où l’eau est une ressource rare. Ainsi, certains pays comme l’Inde ont commencé à payer des agriculteurs pour changer leurs cultures en d’autres, moins consommatrices en eau.
Le coton est-il vraiment indispensable ?
C’est une question que nous nous sommes posé lors de nos recherches : pourquoi le coton est-il autant utilisé alors que sa production est aussi dangereuse pour la nature ?
D’une part, le coton possède de très bonnes propriétés mécaniques :
- Agréable à porter
- Conserve correctement la chaleur
- Bonne résistance
- Bonne absorption de liquide
Il est cependant moins élastique que d’autres tissus et sensible aux insectes et aux moisissures. Résultat, on retrouve beaucoup de mixes coton/polyester (30%/60% ou l’inverse) pour profiter des avantages de chacun.
Vous me direz que ses caractéristiques sont surpassées par d’autres tissus (laine, soie et lin par exemple) mais il existe une autre raison qui pose le coton comme première matière utilisé pour produire du tissu : sa facilité de production.
Si on compare les fibres végétales entre elles (chanvre, coton et lin qui sont les plus utilisés) on remarque que le chanvre est plus grossier que le coton pour la fabrication de vêtement tandis que le lin est compliqué à faire pousser. Il faut des conditions climatiques précises et un sol particulier qui ne se trouve pas partout. Sa rentabilité plus faible augmente le coût du produit final et c’est donc tout naturellement que les industriels se rabattent sur une matière moins chère qui leur permettent d’augmenter leurs marges.
Il n’y a pas vraiment d’alternatives au coton dans l’état actuel des choses. Les firmes se sont développés dans ce sens : spécialisation des procédés et des filières qui ont ainsi du mal à changer. Le client a aussi une part de responsabilité puisqu’il recherche des produits à bas coût qui sont souvent produits à partir d’un coton non écologique.
Quels sont les solutions possibles ?
Une prise de conscience est en cours tant au niveau des industriels que des consommateurs. Il faut dire que l’utilisation de métaux lourds pour les teintures ou de chrome lors de la production commence à faire peur aux clients. Grâce à internet qui permet l’arrivée de tribunes en faveur de l’écologie, les consommateurs sont mieux informés et choisissent de plus en plus de favoriser les produits biologiques. Les entreprises sentent ce filon et changent leurs productions en ce sens.
Ainsi on trouve plusieurs types d’initiatives : celles qui visent à trouver un substitut au coton tel que le maïs tout en respectant les normes environnementales.
Certaines cherchent à transformer la production de coton pour la rendre plus responsable grâce à des procédés de rotation des cultures, des engrais non nocifs pour l’homme ou la nature ainsi que des procédés de transformation de la fibre en vêtement qui suivent des normes sévères. C’est le cas de Oeko-tex qui propose des certifications en ce sens.
Enfin, certaines entreprises récupèrent des déchets textiles afin de refaire des vêtements avec. Il faut dire que, rien qu’en France, 15 kilos de vêtements par habitant sont jetés en moyenne chaque année. C’est une matière première qui pourrait permettre de réduire l’impact écologique de la filière, très critiquée à ce sujet.
Conclusion
Le but de cet article n’est pas de vous empêcher de porter des vêtements en coton mais de mettre en évidence un dilemme important de l’industrie du textile. Il existe beaucoup d’arguments en défaveur du coton mais la suppression de cette matière serait dangereuse car elle n’a, à l’heure actuelle, pas d’équivalent sur un rapport coût/qualité. Des initiatives voient le jour et nous promettent un monde différent où l’on pourra porter des fibres de maïs, d’ananas, pelures d’orange ou de raisin. Affaire à suivre donc !
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Sources :
-> Dossier très complet sur les fibres de textile, comment les nettoyer et leurs caractéristiques :
-> Beaucoup d’informations qui permettent de comprendre le monde du textile
-> Impact et études du coton sur l’homme et la nature
-> Généralités sur les différents types de textiles