La création d’un cuir, un savoir-faire inégalé

La création d’un cuir, un savoir-faire inégalé

La création d’un cuir, un savoir-faire inégalé
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Le cuir est partout autour de nous, tantôt dans nos chaussures, nos voitures, nos sacs à mains et j’en passe. On a tendance à oublier que ce matériau noble par excellence est le fruit d’un travail lent et fastidieux. Avant de vous expliquer son histoire, regardons ensemble sa création et ses particularités.

J’ai pris beaucoup de plaisir à faire des recherches sur ce sujet et à écrire cet article. Le secteur du cuir me passionne de plus en plus et je vous donnerai des sources et des perles trouvées sur le net à ce propos tout au long de l’article. 

D’où vient le cuir ?

Nous le savons tous (j’espère), le cuir provient de peaux d’animaux quels qu’ils soient. Toutes les peaux peuvent donner du cuir (en de sombres périodes, la peau humaine elle-même était utilisée en ce sens). On se sert principalement de peaux de bovin et d’agneau à la sortie des abattoirs. En quelque sorte, la filière du cuir recycle ce qui n’est pas utilisé par les bouchers.

Mais en lisant ça, vous pouvez vous demander pourquoi je fais une distinction entre peau et cuir, la réponse est simple : ce n’est pas la même chose. Le cuir est le résultat de la transformation de la peau par procédé chimique. Il est imputrescible et résistant au temps contrairement à la peau. Très souvent même sur les produits de moins bonne qualité, les deux produits n’ont pas grand-chose en commun. 

Le marché du cuir!

En 2015, les principaux pays exportateurs de cuir étaient les Etats-Unis, l’Australie, la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. Ce n’est guère étonnant car la production nécessite de grands élevages avec des animaux en bonne santé. Nous y reviendrons plus tard mais la qualité du cuir dépend de la qualité de la peau.

A l’inverse, les principaux pays importateurs sont la Chine, l’Italie, la Corée du Sud, l’Allemagne et la Thaïlande. On peut noter que la Chine importe à elle seule plus de 42.1% des cuirs et peaux brutes. En France nous vendons principalement à l’Italie (un peu moins de 80% de notre production).

La fabrication du cuir

De manière générale, la transformation de la peau en cuir prend énormément de temps, comptez entre 3/8 mois (rapide et souvent bas de gamme) à plus d’un an (voire 18 mois) pour créer un cuir. A ce moment-là on ne parle pas encore de créer la chaussure ou le canapé mais bien d’avoir la pièce de cuir. C’est elle qui sera ensuite transformée en nos objets du quotidien

De la peau au cuir 

On observe 4 grandes étapes :

  • Le travail de rivière : nettoyer les peaux
  • Le tannage : transformer la peau
  • Le corroyage : donner au cuir ses propriétés
  • La finition : transformer l’aspect du cuir
Tannerie 2

Ce n’est qu’après toutes ces étapes que l’on obtient un matériau utilisable à la maroquinerie, pour faire des chaussures par exemple. La qualité de réalisation de ces étapes va définir la qualité du cuir mais aussi ses propriétés, son aspect et son prix.

Le travail du cuir est un processus lent (nous l’avons dit) mais surtout très chimique et donc dangereux pour la nature. Des procédés permettent de réduire cet impact mais ont un coût. Si la France compte parmi les meilleures tanneries au monde, certain pays ont moins de scrupules à polluer que d’autre. C’est pour cela qu’il est important de connaitre l’origine du cuir que l’on achète.

Le travail de rivière

Le travail du tanneur commence dès la sortie de l’abattoir. Il va choisir les peaux les plus adaptées à ce qu’il veut en faire et à la qualité qu’il cherche à obtenir. Un animal ayant été bien traité et bien nourri a une peau de meilleure qualité et avec peu de défauts (cicatrices ou autres). Ces peaux sont très recherchées et donc plus chères, ce coût représente environ 60% du prix final du cuir. Les peaux récupérées sont gorgées d’eau et très sales. Elles sont salées ou congelés pour être conservées jusqu’à la tannerie.

Le travail de rivière consiste à les laver pour enlever les saletés et les parties qui ne sont pas utilisables. Dans un premier temps on rince la peau à grande eau pour enlever les souillures (poussière, sel, sang..). On enlève ensuite les poils avec un produit chimique et on prépare la peau pour le tannage.

Pour nettoyer à fond la peau, on utilise une machine répondant au doux nom de… l’écharneuse. Ce terminator va enlever les tissus sous cutanés pour ne garder que le derme : la croûte et la fleur du cuir. A ce moment, la peau est encore très fragile et peut se détériorer très vite.

Le tannage

Le but du tannage est de rendre la peau imputrescible. On la fait baigner dans une cuve rotative remplie d’eau et de tanins. Par réaction chimique, les tanins se fixent aux fibres et rendent la peau imputrescible, elle devient du cuir.

Il existe plusieurs méthodes qui vont influer sur la qualité du cuir et ses propriétés :

Le tannage au chrome

Il est chimique et très polluant mais aussi beaucoup plus rapide. De ce fait, c’est le plus couramment utilisé car il permet de réduire les coûts. Après 24h, les peaux sont transformées en un cuir gris-bleuté appelé wet-blue.

Cette méthode permet d’avoir un cuir très doux et utilisé presque partout et pour les peaux de qualité ou non. 

Le tannage végétal

Il est utilisé depuis l’Antiquité mais a naturellement été amélioré. Les premiers Hommes utilisaient de l’écorce d’arbre mâché contenant naturellement du tanin tel que le chêne, le mimosa ou la cigüe. Son impact sur l’environnement est moins important mais il est beaucoup plus long.

Chaque peau passe dans des cuves de plus en plus concentrées en tanin et y reste entre 14 et 30 jours. Sachant qu’il faut 5 à 8 cuves, vous pouvez comprendre que cette méthode prend beaucoup de temps et fait augmenter le coût des produits.

En contrepartie, le tannage végétal donne un cuir plus « brut » d’aspect et qui est très apprécié des connaisseurs

Les autres tannages

Il existe d’autres méthode : le tannage chamoise à base d’huile de poisson, le tannage blanc mégis à base de sel d’alun ou des tannages synthétiques. Certaines tanneries utilisent des techniques de tannages combinés (chrome-végétal par exemple) pour additionner les avantages des deux méthodes.

Dans le monde, les deux méthodes les plus répandues restent le tannage au chrome et le tannage végétal. 

Si vous êtes intéressés par d’autres formes de tannages, je vous conseille d’aller faire un tour sur sens.fr. Le chrome étant très polluant, des alternatives sont recherchées pour réduire l’impact écologique de la filière sans augmenter les coûts.

Aussi si vous parlez anglais et que vous cherchez les différences entre le tannage au chrome et végétal, voici un article très intéressant sur le sujet !

Le corroyage

Le but de cette étape est de donner les caractéristiques mécaniques au cuir : sa souplesse, son épaisseur, sa texture.

Les peaux sont essorées puis triées par le tanneur. C’est un travail très important qui va impacter la qualité de la pièce de cuir. Une fois en groupe homogène, le cuir sera nourri avec de la matière grasse puis séché. Comme il devient raide dans le processus, le tanneur va le réhydrater légèrement pour qu’il reste souple.

L’ajout de matière grasse (souvent de l’huile de poisson) dépend de l’utilisation que l’on va faire du cuir. S’il va être utilisé pour un meuble, des chaussures ou un sac le pourcentage de matière grasse ne sera pas le même (il peut varier de 4% à 30%) 

NOTE : Le cuir est composé de deux parties à ce stade : la croûte d’un côté et la fleur de cuir de l’autre. Certaines tanneries profitent de cette étape pour le couper en deux (fleur et croûte) afin de pouvoir vendre deux fois plus de matières avec une seule peau. La qualité est donc bien moindre et le matériau n’est plus à proprement parler du cuir.

D’autres tanneries (plus qualitatives) vont retanner les peaux après le triage pour homogénéiser le lot. Le rendu sera de meilleure qualité mais le coût s’envolera de même.

Le ponçage :

Après, le cuir peut être poncé pour supprimer les défauts mais aussi lui donner un aspect particulier. Cette étape apparaît selon les sources dans le corroyage ou le finissage mais le résultat est le même.

Si le cuir n’a aucun défaut on parle de cuir « pleine fleur », c’est le Saint Graal dans le genre, un cuir exceptionnel qui aura une tenue incomparable dans le temps. Quand le cuir a besoin d’être poncé légèrement on parlera de « fleur corrigée » et quand il est de très mauvaise qualité, le ponçage va enlever totalement la fleur de cuir et on obtient la « croûte ». L’épaisseur de cuir va déterminer la qualité des propriétés mécaniques de ce dernier. Ainsi un cuir pleine fleur sera beaucoup plus résistant qu’une croûte (qui n’est en passant plus du « cuir »).

Le ponçage a aussi un intérêt pour changer la texture du cuir. Le nubuck par exemple est le fruit d’un ponçage très léger côté fleur tandis que le velours sera le résultat d’un ponçage côté croûte. (Par exemple le « daim » n’est pas du cuir de daim mais le résultat d’un ponçage par le tanneur… En découvrant cela j’ai cru découvrir le sens de la vie)

Le finissage :

Pour finir, le tanneur va pouvoir protéger le cuir et lui donner un aspect particulier. Cette protection dépend fortement de l’étape précédente car on ne traitera pas de la même façon un cuir pleine fleur et une croûte.

Il existe plusieurs types de finissage qui permettent soit de cacher les défauts (finition opaque) ou bien de sublimer la chaussure (notamment utilisé sur les cuirs pleine fleur). Sur les cuirs de qualité on appelle cela la finition aniline. Elle recouvre le cuir d’une très fine couche de protection transparente et va lui donner une texture exceptionnelle.

Sur les cuirs ayant plus de défauts on choisira une finition pigmentée plus ou moins épaisse qui permettra de rendre le cuir imperméable mais surtout de cacher les imperfections.

C’est à ce moment que le cuir va prendre une apparence différente, le tanneur et le client vont pouvoir rivaliser d’imagination pour au choix imprimer un motif sur le cuir (par chauffage et pression), plisser le cuir pour le rider etc… On obtient alors un cuir qui sera utilisable pour créer les objets du quotidien.

La qualité du cuir 

Le grand problème de ce système est que les tanneurs ont la possibilité de cacher les défauts de la peau ou de fabrication grâce au finissage. Il est difficile de voir la différence sans s’y connaitre et le résultat en tenue dans le temps ou en résistance ne sera pas du tout le même.

La qualité vient pour la plupart de la qualité de la peau et par extension de la qualité de vie de l’animal. Un bovin en mauvaise santé aura une peau avec plus de défauts et le cuir n’en sera que mois beau.

Il est donc important avant de choisir un cuir de se renseigner sur les origines de l’animal dont provient la peau ainsi que sur l’entreprise en elle-même. Sachez toutefois que même les grandes marques peuvent sortir des gammes de moins bonne qualité car cela rapporte plus. Le cuir de qualité comme nous l’avons vu prend du temps à être créer et c’est ce qui explique son coût.

Merci d’avoir lu jusqu’ici, si ce sujet vous intéresse n’hésitez pas à commentez pour donner votre avis sur cette filière passionnante!

Sources :

Données 2015-2016 du marcher du cuir dans le monde

Article de qualité, facile à lire et extrêmement complet sur la création du cuir. Si vous voulez en savoir plus c’est ici ! 

La fabrication: bonnes pratiques et choses à éviter

Bonnegueule nous offre un témoignage très intéressant et prenant sur le cuir, son histoire et sa signification pour nous. Allez-y, cet article m’a beaucoup touché.

Dossier : La voie du cuir, entre techniques et histoire/

Plus d’informations sur le tannage.

Les différents tannages

Pour aller plus loin !

La filière du cuir est intimement liée à notre consommation de viande : plus on en mange plus il y a de cuir produit. Cet article met en évidence la pénurie qui touche le secteur du luxe et ouvre un grand axe de réflexion dans ce domaine, Je vous conseille d’y faire un tour!

Quel prix les portefeuilles cuir vont ils atteindre ?

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